QUELQUES
DATES ?
1171 – A la demande de l’évêque de Cavaillon, Raymond V Duc de Narbonne, Comte de Toulouse et Marquis de Provence, accorde le droit d’établir une prise d’eau et d’utiliser les eaux du canal pour faire fonctionner les moulins à farine.
1235 – L’Évêque Rostaing autorise les Cavaillonnais à user des eaux du canal aux fins d’irriguer à condition qu’ils contribuent pour moitié aux travaux à effectuer.
1535 – François 1er accorde l’autorisation de capter l’eau en Durance à Mérindol.
1540 – Le Marquis Meynier de Forbin d’Oppède fait construire l’aqueduc de la Canaou permettant au canal de franchir la rivière Coulon
1566 – Début de la création du Canal des Sables ou de Cabedan Vieux
1818 – Organisation du Syndicat du Canal Saint Julien par arrêté préfectoral le 30 juillet
1857 – Décret impérial de Napoléon III fixant les prélèvements d’eau en Durance
1900 – Définition du périmètre syndical
1927 – Adoption d’un nouveau système de taxation : le « Tant Plein que Vide »
1960 – Création d’une prise d’eau sur le Canal Mixte (partiteur de Bel Hoste) et abandon du barrage volant en Durance
1994 – Mise en service du réseau modernisé de Saint Estève (communes de Caumont/Durance et du Thor)
1997 – Fusion du canal des Fugueyrolles avec canal Saint Julien
2000 – Mise en service du réseau modernisé urbain et péri-urbain de la Voguette (commune de Cavaillon)
2001 – Fusion du canal de Plan Oriental avec le canal Saint Julien
2008 – Fusion du canal des Balaruts avec le canal Saint Julien
2010 – Fusion du canal des Vergers avec le canal Saint Julien
2019 – Extension du périmètre modernisé urbain de la Voguette pour alimenter le secteur de l’ancien canal des Vergers
BIEN AVANT
1171…
Ce sont les autorités ecclésiastiques qui eurent l’idée de faire creuser un canal.
C’est à la demande de Monseigneur Benoît, Évêque de Cavaillon, que Raymond V, Duc de Narbonne, Comte de Toulouse et Marquis de Provence, accorde en mai 1171 le droit d’établir une prise d’eau en Durance et d’utiliser les eaux de la rivière pour faire fonctionner des moulins à farine. Cette concession autorise le canal St Julien à porter le titre honorifique de plus vieux canal d’irrigation dérivé de la Durance.
En réalité le canal a une origine antérieure à 1171 et le Comte de Toulouse ne fait que valider un ancien usage. Jusqu’au XIIème siècle, le canal ne sert qu’au fonctionnement du moulin de l’évêque lequel porte le nom de : « Moulin St Julien ».
DÉBUT
DES ARROSAGES
Consciente de l’importance de cet outil, la communauté cavaillonnaise ne tarde pas à réagir et demande, 64 ans plus tard, l’autorisation d’utiliser les eaux du canal aux fins d’irriguer. En février 1235, l’Evêque Rostaing établit à son tour une concession aux habitants de Cavaillon et de Cheval-Blanc. En contrepartie, la communauté de Cavaillon s’engage à participer pour moitié à toutes les dépenses du canal. Un début de règlement, ou de police des arrosages, fait son apparition. La réglementation est stricte et toute consommation abusive ou injustifiée est réprimandée.
Le canal St Julien a désormais une double utilité : fournir l’énergie aux moulins (vocation industrielle) et irriguer les terres (vocation agricole). Les réseaux se développent rapidement, entraînant une activité économique florissante basée sur l’agriculture. Pas moins de quarante moulins fonctionnent grâce au canal, en même temps que les terres situées au Sud du Calavon (Cheval-Blanc, les Taillades, Cavaillon) sont mises en culture.
En 1382, la communauté Cavaillonnaise devient entièrement responsable de la gestion des ouvrages. Dès la fin du XIVème siècle des « aygaderios » (aygadiers) ou gardes des eaux (garde canaux) sont nommés par le conseil de la communauté pour lever les taxes d’arrosage. Au début du XVème, la production agricole vise avant tout à satisfaire les besoins locaux. Sur 1000 hectares cultivés, seule une centaine est irriguée.
François 1er,
Roi de France
Avec l’essor de la production agricole du début du XVIème siècle, le canal va nécessiter quelques aménagements. Il s’agit de pallier les problèmes liés à la trop soudaine extension des réseaux et à une alimentation en eau précaire. Le conseil propose donc de remonter la prise du canal plus en amont sur la Durance, à hauteur de Mérindol… Mais le village de Mérindol dépend de l’Évêché de Marseille et ne figure pas dans l’acte de concession du canal de 1171. Alors, les Cavaillonnais sollicitent François Ier, Roi de France, afin d’obtenir une confirmation de leur droit de dériver la Durance. La communauté trouve en la personne du Marquis Meynier d’Oppède leur porte parole auprès du Roi. Meynier d’Oppède se rend vite compte du profit qu’il pourra tirer de cette affaire. Propriétaire d’un moulin aux Vignères (moulin du Roulet), le Marquis dispose déjà d’un canal utilisant les eaux du Coulon, mais au débit irrégulier et insuffisant. Il songe dès lors à utiliser les eaux du canal St Julien. Le 11 décembre 1537, le roi François Ier accorde l’autorisation de capter les eaux de la Durance à hauteur de Mérindol.
En 1540, l’insistance du Marquis de Forbin d’Oppède lui permet d’obtenir auprès des évêques l’autorisation d’utiliser les eaux du fuyant du moulin Saint Julien pour faire fonctionner le sien situé aux Vignères, dans le quartier du Rouret. Le Marquis fait construire un ouvrage permettant au canal de franchir le Coulon, grâce auquel les eux du Canal Saint Julien peuvent franchir la rivière et ainsi pénérer sur le territoire des Vignères. Cet ouvrage, baptisé « La Canaou », est édifié avec de gros blocs de pierres taillés et enjambe la rivière. En forme d’arche, il supporte dans sa partie concave une structure en bois dans laquelle circulera, durant quatre siècles, le canal St Julien.
Les réseaux secondaires ne cessent ensuite de se déployer, gagnant ainsi les communes de l’Isle sur la Sorgue, du Thor et de Caumont sur Durance. Le bassin de Cavaillon devient un des plus prospère de la région et son marché acquiert une grande renommée.
L’enjeu :
Deux siècles de lutte
Une longue période de rivalités va naître entre la ville de Cavaillon et la famille d’Oppède. Le conflit débute en 1571 lorsque le nouvel Évêque de Cavaillon, Christophe Scotti, lègue la propriété du moulin St Julien et du canal à la ville de Cavaillon. Quelques années plus tard, son successeur, Jean Bordini, effectue la même transaction, en sens inverse… L’Évêché de Cavaillon, suite à ces actes contradictoires, va aviver les affrontements pendant deux siècles.
En 1670, après le nouvel épisode de la vente par l’Evêque Jean Baptiste de Sade au profit de Meynier d’Oppède, les Cavaillonnais obtiennent l’annulation pure et simple de la vente et demandent au Pape l’autorisation de racheter le canal et le moulin.
Après plusieurs querelles et recours, la famille d’Oppède renonce à toutes ses revendications et abandonne ses acquis contre le versement d’une rente annuelle.
La révolution française abolira en 1793 les privilèges antérieurs et nationalisera les dettes des communes. Ainsi s’achève toute une série de procès, d’actes de contentieux et de manipulations diverses.
Le tracé du canal trouve sa forme définitive en suivant un parcours depuis Cheval-Blanc, lieu de prélèvement, pour finir à Caumont sur Durance où il trouvera son exutoire dans un fossé d’assainissement (Petit Mourgon).
Sous la pression des agriculteurs propriétaires, des utilisateurs du canal et de la mairie de Cavaillon, le préfet de Vaucluse organise un syndicat forcé par Arrêté Préfectoral le 30 juillet 1818. L’organisation du Syndicat du Canal Saint Julien ne subira pas de modification notable jusqu’à nos jours, faisant ainsi preuve de son efficacité.
Jusqu’à
Aujourd’hui
Le tracé du canal trouve sa forme définitive en suivant un parcours depuis Cheval-Blanc, lieu de prélèvement, pour finir à Caumont sur Durance où il trouvera son exutoire dans un fossé d’assainissement (Petit Mourgon).
L’alimentation en eau était assurée par un barrage volant prélevant directement en Durance. Le réseau de canaux et de filioles s’est développé au fil du temps et par étapes successives en conciliant deux fonctions essentielles : production d’énergie motrice et irrigation. Cette association de fonctions sera, en grande partie, responsable des difficultés que rencontrent actuellement les gestionnaires pour assurer l’irrigation sur l’ensemble du périmètre.
Sous la pression des agriculteurs propriétaires, des utilisateurs du canal et de la mairie de Cavaillon, le préfet de Vaucluse organise un syndicat forcé par Arrêté Préfectoral le 30 juillet 1818. L’organisation du Syndicat du Canal Saint Julien ne subira pas de modification notable jusqu’à nos jours, faisant ainsi preuve de son efficacité.
La plus grande transformation intervient en 1955, lorsque seront entrepris par EDF les grands travaux d’aménagement hydroélectrique sur la Durance. La prise d’eau du canal sera établie sur le Canal Mixte, aménagé pour l’occasion, celui-ci ayant pour mission de véhiculer les eaux du Canal Saint Julien depuis Mallemort jusqu’à sa nouvelle prise au lieu-dit « Bel Hoste ». Préalablement, des dotations en eau furent attribuées à chaque canal, annulant et remplaçant toutes dispositions et droits antérieurs.